Prodige et prodigue, deux paronymes à ne pas confondre, différant tant par le sens que par la nature.
Prodige est un nom masculin qui désigne une personne ou un phénomène comme extraordinaire. L’adjectif associé est « prodigieux/prodigieuse ». Côté étymologie, il provient du latin prodigium (= présage), du verbe prodigere (= pousser en avant), terme qui désignait un miracle ou un évènement surnaturel. On peut dire de quelqu’un que c’est un prodige, par exemple un musicien particulièrement virtuose, plein de talent. On peut aussi accomplir des prodiges, des exploits. Ceci est la signification actuelle. Cependant, au XVe siècle, la signification du terme prodige était plus liée à la notion de présage, tout comme son étymologie latine. Un prodige était donc plutôt quelque chose de surprenant, voire d’étrange pouvant potentiellement annoncer un évènement futur, le présager en tout cas en fonction des croyances de l’époque. Plus loin encore dans la chronologie historique, à l’époque de l’Antiquité grecque, existaient ce que l’on appelle des exégètes, du grec eksêgêtês (= interprète, conseiller) dont le rôle était d’interpréter justement les prodiges, les songes, les oracles, les rites.
Prodigue est un adjectif désignant le fait d’être dépensier, de distribuer abondamment de manière déraisonnable. Il s‘agit donc d’un terme à connotation péjorative, ce n’est pas un compliment de dire que quelqu’un est prodigue ! Côté étymologie, il vient du latin prodigus (= qui gaspille ou produit en abondance), dérivé comme le nom prodige du verbe prodigere, ce qui explique la ressemblance phonétique entre prodige et prodigue. On parlera d’un « enfant prodigue » en référence à la parabole, du même nom, dans l’Évangile de Saint-Luc chapitre 15. Il s’agit là d’un enfant qui revient au domicile parental après avoir dilapidé, dépensé tout son argent lors d’une longue absence.