Différence entre une bougie et un bogie ou boggie

Voici deux noms qui se ressemblent au niveau prononciation mais de sens tout à fait différents, et dont l’un – bougie – est féminin, et l’autre – bogie ou boggie – est masculin.

Tout d’abord le terme féminin « bougie », que tout le monde connaît, fut attesté dans la langue française au XIVe siècle (1393) dans un traité de morale et d’économie domestique d’auteur anonyme « Le ménagier de Paris ». Plus tard, le grammairien Gilles Ménage (1613-1693) attribue l’étymologie du nom commun bougie au nom d’une ville littorale algérienne située en Kabylie, Bugie, Bugaya, aujourd’hui appelée Béjaïa mais appelée aussi anciennement Bougie en français, port réputé pour exporter du cuir mais également de la cire d’abeille en Europe depuis le XIIe siècle.

Précisons que la bougie est à différencier de la chandelle à l’origine. Les chandelles notamment au XVIIe siècle étaient assez grandes et épaisses, constituées d’une mèche, généralement de jonc tressé, entourée de suif (graisse animale), et destinées à l’éclairage tandis que les bougies étaient plus petites, plus fines, constituées d’une mèche de coton entourée de cire d’abeille, et plutôt utilisées pour la lecture la nuit, la réception d’invités et les banquets, ou se diriger dans la cave, d’où le nom de « rat de cave » ou « pain de bougie » donné parfois à des petites bougies fines que l’on pouvait ranger dans sa poche. Au XIXe siècle au théâtre, les « moucheurs de bougie » avaient pour mission d’enlever les mèches carbonisées des bougies des lustres entre deux actes, avec toujours un seau d’eau près d’eux en cas de début d’incendie des décors bien sûr !

La fabrication des bougies fut longtemps artisanale et commença à devenir industrielle au milieu du XIXe siècle en utilisant non plus essentiellement du jonc mais du coton tressé pour les mèches, ne nécessitant de ce fait plus le mouchage, et de la cire de paraffine.

Concernant maintenant le terme masculin bogie ou boggie, il désigne un chariot pivotant à essieux relié au châssis d’un véhicule ferroviaire, permettant de faciliter l’inscription dans les courbes, même avec un rayon de courbure faible. Il y en a entre tous les wagons et la locomotive, indépendants les uns des autres. Sur les trains actuels, les bogies peuvent même glisser sous la caisse du wagon, améliorant de ce fait le confort des voyageurs. Côté étymologie, ce mot est d’origine anglaise, signifiant cabriolet et désignant à l’origine un véhicule hippomobile (tiré par des chevaux). Les bogies ont commencé à se répandre d’abord aux États-Unis dès 1830 sur des voies parfois mal posées, ce qui permettait aux trains de rouler plus facilement tout en répartissant la charge sur la voie. Les bogies ont été utilisés en France un peu plus tard, à partir de 1890.

Enfin, le terme bogie désigne également dans le domaine sylvicole un véhicule à long timon (pièce servant à l’attelage) servant à transporter des grumes (troncs d’arbres non encore équarris).

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Prodige et prodigue la différence

Prodige et prodigue, deux paronymes à ne pas confondre, différant tant par le sens que par la nature.

Prodige est un nom masculin qui désigne une personne ou un phénomène comme extraordinaire. L’adjectif associé est « prodigieux/prodigieuse ». Côté étymologie, il provient du latin prodigium (= présage), du verbe prodigere (= pousser en avant), terme qui désignait un miracle ou un évènement surnaturel. On peut dire de quelqu’un que c’est un prodige, par exemple un musicien particulièrement virtuose, plein de talent. On peut aussi accomplir des prodiges, des exploits. Ceci est la signification actuelle. Cependant, au XVe siècle, la signification du terme prodige était plus liée à la notion de présage, tout comme son étymologie latine. Un prodige était donc plutôt quelque chose de surprenant, voire d’étrange pouvant potentiellement annoncer un évènement futur, le présager en tout cas en fonction des croyances de l’époque. Plus loin encore dans la chronologie historique, à l’époque de l’Antiquité grecque, existaient ce que l’on appelle des exégètes, du grec eksêgêtês (= interprète, conseiller) dont le rôle était d’interpréter justement les prodiges, les songes, les oracles, les rites.

Prodigue est un adjectif désignant le fait d’être dépensier, de distribuer abondamment de manière déraisonnable. Il s‘agit donc d’un terme à connotation péjorative, ce n’est pas un compliment de dire que quelqu’un est prodigue ! Côté étymologie, il vient du latin prodigus (= qui gaspille ou produit en abondance), dérivé comme le nom prodige du verbe prodigere, ce qui explique la ressemblance phonétique entre prodige et prodigue. On parlera d’un « enfant prodigue » en référence à la parabole, du même nom, dans l’Évangile de Saint-Luc chapitre 15. Il s’agit là d’un enfant qui revient au domicile parental après avoir dilapidé, dépensé tout son argent lors d’une longue absence.

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Ce jardin fleuri ou ce jardin fleurit ?

Comment écrire : ce jardin fleuri ou ce jardin fleurit ? Eh bien les deux solutions existent en fonction du sens de la phrase.

Si vous voulez dire que ce jardin EST fleuri, c’est-à-dire empli de jolies fleurs, alors écrivez « fleuri ». Si le nom était féminin, par exemple « cette cour », vous écririez « cette cour fleurie » puisqu’il faut accorder l’adjectif au féminin. Idem pour le pluriel, il faut accorder. Avec l’exemple du jardin, on pourra écrire : « Comme il est magnifique, ce jardin fleuri ! »

Si vous voulez dire que ce jardin EST EN TRAIN DE FLEURIR, alors écrivez « fleurit », conjugaison du verbe fleurir à la troisième personne du singulier. Au pluriel, cela donnerait « ces jardins fleurissent », troisième personne du pluriel. Exemple de phrase : « Ce jardin fleurit toujours au printemps. »

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Différence entre matériel et matériau

Un matériau est une substance créée à partir de matière première, elle est destinée à produire un objet technique. Par exemple, le bois est un matériau, le plastique également. Le matériel est quant à lui l’ensemble des ustensiles, des outils qui vont être utilisés pour produire ce même objet technique. Un marteau est un outil. Attention, matériaux n’est pas le pluriel de matériel, beaucoup se trompent ! Le pluriel de matériel est « matériels », et un matériau, des matériaux.

Côté étymologie, le terme matériel vient du bas latin materialis qui signifie « forme de matière ».  Matériel est un nom masculin (un matériel, du matériel) ou un adjectif (un objet matériel, une chose matérielle).

Côté étymologie, le nom matériau vient du moyen anglais material, issu du latin primitif materia qui signifie « matière, cause, origine, substance », de mater qui signifie « mère ». Ce terme singulier fut créé à la fin du XIXe siècle à partir du collectif « matériaux ». Un matériau est une matière, une substance qui participe à la fabrication d’objets ou de bâtiments. Par exemple, le ciment, la brique, l’argile sont des matériaux qui servent à la fabrication d’un mur. On parle de matériaux de construction.  

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Farces et poissons le premier avril

D’où vient cette tradition de faire des « poissons d’avril », autrement dit des blagues, le 1er avril ?

Plusieurs origines coexistent, et notamment la plus ancienne qui date de l’Antiquité grecque. En effet, le printemps commençant le 21 mars était un moment de festivités qui se terminaient le 1er avril, 12 jours après la fête de l’équinoxe de printemps, lors d’une journée consacrée à la divinité mineure de la moquerie et du sarcasme Momos, bouffon des divinités olympiennes(donc chez les Olympiens), et également au dieu spartiate du rire Gelos qui représentait le rire de Dieu en réponse aux actions rebelles de l’humanité, occasion pour les Grecs de s‘amuser et de se faire des blagues. Puis les Romains à leur tour continuèrent cette tradition en appelant la fête carnavalesque célébrée le 25 mars en l’honneur de la déesse Cybèle symbolisant la fertilité, la nature et la protection Hilaria, d’où les termes que nous connaissons tous, hilarité et hilare.

Par ailleurs, le premier jour de l’année fut le 1er avril pendant très longtemps, voire le 25 mars, jour de l’Annonciation (fête chrétienne) ou encore à Pâques jusqu’au 9 août 1564 où le roi Charles IX décida d’uniformiser le calendrier en déclarant, par l’édit de Roussillon, le 1er janvier comme premier jour officiel de l’année, comme l’avait fait l’empereur du Saint empire romain germanique Charles Quint un peu plus tôt, qui s‘était aligné sur le calendrier julien de Jules César, datant quant à lui de45 av. J.-C.

Cependant en France (eh oui, c’est la France, c’est signé !), ce nouveau calendrier instauré par Charles IX ne plut pas à tout le monde et suscita des résistances au point qu’il lui faudra plusieurs années pour être finalement effectif. Donc pour contester, nombreux furent les Français qui continuèrent à se souhaiter la Bonne année le 1er avril et par la même occasion, s‘offrir des cadeaux. Mais comme cette date se situait en plein carême (période de jeûne et restrictions), l’aliment le plus commun était le poisson puisque la viande y était proscrite, les réfractaires se virent offrir de faux poissons pour se moquer d’eux, d’où la naissance de cette tradition du poisson d’avril.

Un autre fait est à signaler. Au tout début du XXe siècle, jusque vers les années 1920, l’équivalent de la Saint-Valentin d’aujourd’hui (14 février) se fêtait le 1er avril.  Et ce jour-là, il était de coutume d‘envoyer à la personne dont on était amoureux  une carte postale représentant un poisson porte-bonheur (on peut en trouver facilement des images sur Internet), signe de fécondité et de bonheur pour lui signifier notre amour.

Pour conclure, même si le fait d’accrocher des poissons dans le dos des autres est plutôt une activité ludique réservée aux plus jeunes (qui ne l’a pas fait étant enfant ?!), si vous entendez des petits rires derrière vous ce jour-là, méfiance, peut-être la tradition persiste-t-elle toujours quel que soit l’âge, car après tout, rester jeune dans la tête ne fait de mal à personne et le rire est reconnu bon pour la santé.  🙂

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Imminent, immanent et éminent

Voici trois mots qui se ressemblent, ce sont des paronymes, mais ils n’ont évidemment pas la même signification.

Côté étymologie, l’adjectif imminent (imminente au féminin) vient du latin imminens, qui est le participe passé du verbe imminere signifiant « s’élever au-dessus, surplomber, menacer ». Un fait imminent menace de survenir prochainement. Exemple : « Le ciel commence à se couvrir, l’arrivée d’un orage est imminente. »

Côté étymologie, l’adjectif immanent (immanente au féminin) vient du verbe latin immanere qui signifie « demeurer dans ». Il désigne quelque chose qui existe, quelque chose d’essentiel, d’inhérent, qui est contenu dans la nature d’un être. Ce terme est surtout utilisé en philosophie et dans la religion chrétienne. Exemple : « La force immanente à la vie. » L’immanence est le caractère de ce qui a son principe en soi-même, contrairement à la transcendance liée quant à elle à une cause extérieure et supérieure.

Côté étymologie, l’adjectif éminent (éminente au féminin) vient du latin eminens, qui signifie « supérieur » et dérivé du verbe eminere qui signifie « s’élever au-dessus, se démarquer ».  Ce terme est généralement utilisé au sens moral. D’un point de vue honorifique, le titre « Votre Éminence » est attribué aux cardinaux dans la religion catholique. Exemples : « Un poste éminent, une vertu éminente. »

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Verbes écaler et écailler

Voici deux verbes qui se ressemblent beaucoup et sont souvent confondus : écaler et écailler.

Côté étymologie, ils ont la même origine germanique. Ils ont empruntés à l’ancien bas francique (langue des Francs) skala qui signifie « coquillage ». Le mot anglais shell signifiant coquillage possède d’ailleurs la même origine.

Le verbe écaler signifie décortiquer, éplucher. Il s’applique à des fruits à coque comme les noix pour lesquelles un moulin hydraulique fut longtemps utilisé pour retirer le brou, les amandes, les châtaignes, les noisettes, etc. On utilise ce verbe également pour désigner le fait de retirer la coquille d’un œuf dur (écaler des œufs) ou pour le bois quand on le sépare par lames. Une écale, en botanique, est une enveloppe coriace qui entoure certains fruits.

Le verbe écailler s’applique non pas à des végétaux mais à des animaux, notamment les poissons. On enlève les écailles d’un poisson. L’écaille est en fait une plaque plus ou moins dure de taille et de forme différente qui recouvre la peau d’animaux comme les poissons, les reptiles (serpents, tortues, lézards…), les pangolins, les papillons (ceux-ci sont recouverts d’environ 150 000 minuscules écailles).

Pour résumer, dans le langage courant, on utilise le verbe écaler pour des fruits, du bois ou des œufs, et le verbe écailler pour les poissons.

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Différence entre traction et tractation

Voici deux mots qui se ressemblent à deux lettres près et qui n’ont pas du tout la même signification, traction et tractation.

Côté étymologie, le nom féminin traction est connu depuis le XVIe siècle, il est emprunté au latin tractio qui signifie « action de tirer », dérivé de tractum, de trahere signifiant « tirer, traîner ». La traction est le fait de tirer en tendant, la traction est également la force qui résulte de cette action. Les voitures particulières fonctionnent essentiellement avec des roues motrices avant, donc à traction. La transmission y est plus sûre et la tenue de route meilleure que pour les voitures à propulsion, donc ayant les roues arrière comme roues motrices. La propulsion est surtout utilisée pour les voitures de course et de compétition. Les voitures 4X4 possèdent quant à elles quatre roues motrices.

Côté étymologie, le nom féminin tractation vient du latin tractatio qui signifie « traitement », de tractate signifiant « traité ». Il désigne un ensemble de démarches ou de pourparlers dont le caractère est officieux voire occulte, des négociations clandestines parfois en vue de traiter une affaire de manière secrète. Dans le sens péjoratif, il s’agit de marchandages et manœuvres diverses que l’on rencontre souvent lors d’élections (tractations électorales). En rhétorique, le terme tractation désigne une négociation dans le but de parvenir à conclure une affaire, et là, il ne s‘agit pas de quelque chose de particulièrement secret.

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Différence entre fusion et fission

Voici deux mots liés principalement au même domaine, le nucléaire, mais également concernant la définition générale de la fusion dans les domaines métallurgique et physique en tant que passage d’un corps de l’état solide vers l’état liquide au moyen d’une température constante appelée point de fusion.

Côté étymologie, fusion vient du latin fusio, issu du verbe fundere qui signifie « fondre ». Fission vient quant à lui du latin fissus signifiant « fendu », du latin classique fissio signifiant « action de diviser, de fendre ».

Le point commun entre fusion et fission nucléaire est l’atome. Les deux phénomènes sont inverses en réalité, en ce sens que le processus de fission consiste à diviser un atome lourd en deux atomes légers en projetant un neutron sur cet atome lourd instable comme l’uranium 235 ou le plutonium 239 pour le faire éclater en deux atomes forcément plus légers de ce fait, tandis que la fusion consiste à « fusionner », donc associer deux atomes légers pour faire un plus gros atome.

Les parcs de réacteurs nucléaires actuels utilisent la fission comme principe physique et non la fusion, concept datant des années 50, car le plasma formé par fusion n’a une durée de vie que de quelques secondes et donc difficilement utilisable dans l’industrie pour l’instant, nécessitant d’être optimisé et intéressant cependant en ce sens que la fusion nucléaire n’émet ni déchets radioactifs ni gaz à effet de serre (GES) et dont le rendement est meilleur que la fission.

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Différence entre utilisation, utilisabilité et utilité

Voici quelques mots dont il est « utile » de bien connaître la signification pour ne pas les mélanger. Commençons par l’étymologie. Utile vient du latin utilis, dérivé de uti- qui signifie « servir de ». Utilité vient du latin utilitas qui signifie « avantage, profit ».

Le terme utilité désigne la capacité d’un bien à satisfaire un besoin, le fait de servir à quelque chose ou à quelqu’un. L’utilité d’un marteau par exemple pour enfoncer un clou. En matière économique, ce même terme désigne le bénéfice qu’un consommateur tire d’un produit ou d’un service.

L’utilisation est la manière d’utiliser quelque chose dans le but d’accomplir autre chose. Par exemple, l’utilisation de l’argent est nécessaire pour acheter à manger.

L’utilisabilité quant à elle désigne plutôt la capacité, le degré d’un objet à être plus ou moins utilisé dans le cadre de ce pour quoi il a été conçu, associant efficacité (critères de réussite), efficience (efforts nécessaires pour atteindre le but) et satisfaction (ressenti de l’utilisateur). C’est l’aptitude à l’utilisation, définie par ailleurs officiellement par la norme ISO 9241-11, qui détermine la facilité avec laquelle l’utilisateur peut se servir d’un produit afin d’atteindre un objectif spécifique.

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