Théorie du ruissellement

Qu’est-ce que la théorie du ruissellement ? Il ne s’agit pas d’eau mais alors pourquoi un tel nom ? Tout simplement à titre d’image, par comparaison avec les cours d’eau qui au lieu de s’accumuler sur les sommets, vous vous en doutez, ruissellent vers leur base. La théorie du ruissellement est en réalité bien éloignée des montagnes au sens propre, il s’agit d’une théorie politique libérale sur l’économie, appelée en anglais trickle down theory.

Que dit-elle ? À part dans les cas de destruction ou à l’inverse, de thésaurisation (= accumulation de monnaie), les revenus des plus riches seraient, toujours selon cette théorie, réinjectés dans l’économie de différentes manières possibles : consommation et investissement principalement (dont le placement en bourse contribuant au financement de l’activité économique). Le résultat ? Cela contribuerait directement ou indirectement à développer l’activité économique de manière générale et par conséquent serait bénéfique à la création d’emplois. Ah vous y voyez déjà plus clair, n’est-ce pas ? Non ? Bon, faisons simple, en gros, plus les riches sont riches (avec notamment des réductions d’impôts pour eux, il faut bien les soigner), plus ils permettent à l’économie de se développer, toujours selon cette théorie bien sûr ! En France actuellement, cela doit vous parler, non ?

Un peu d’histoire pour comprendre l’origine de cette métaphore : le candidat démocrate américain à l’élection présidentielle William Jennings Bryan l’utilisa le premier en 1896 sans en nommer cependant le terme lors du discours de la Croix d’Or à Chicago (opposant à l’étalon-or, système monétaire fondé sur une valeur liée à un poids fixe d’or, d’où le nom du discours). Voici ce qu’il a dit : « Il y a deux conceptions du gouvernement. Il y a ceux qui croient que si on légifère simplement pour laisser prospérer les plus riches, leur prospérité retombera sur ceux en-dessous. La conception démocrate veut que si on légifère pour rendre les masses prospères, leur prospérité remontera à travers toutes les classes qui se reposent sur elle. »

Cette théorie du ruissellement fut énoncée clairement en 1932 par l’humoriste américain Will Rogers lorsqu’il se moqua du programme de baisse d’impôts du Président de l’époque George Hoover. Cependant, le sens économique du terme « ruissellement » ne fut pas utilisé officiellement  avant 1944 et la théorie elle-même en 1954 (dictionnaire Merriam-Webster, filiale d’Encyclopædia Britannica, Inc.). Bien plus tard, dans les années 1980, la théorie du ruissellement est apparue dans le débat public avec Ronald Reagan (USA) avec les Reaganomics et aussi avec Margaret Thatcher (GB), pour revenir au goût du jour en France avec l’actuel gouvernement. Pour conclure, il faut savoir tout de même qu’aucun économiste n’a réussi à démontrer concrètement jusqu’ici la validité de la théorie du ruissellement. Comme quoi entre théorie et pratique, une fois de plus, nous pouvons en constater les différences… une grande vallée entre deux montagnes peut-être ?

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