Effet placebo et effet nocebo

L’effet placebo, généralement tout le monde connaît, c’est un terme très utilisé depuis longtemps. Il s’agit d’observer une amélioration des symptômes d’un patient après lui avoir donné un traitement sans principe actif, constitué de substance inerte comme par exemple du sucre ou de l’amidon, mais dont la présentation est la même que le traitement réel actif (même gélule, même comprimé…), tout en lui ayant fait croire qu’il y en avait, et là bien sûr, vous l’aurez compris, se situe l’astuce. Le cerveau du patient est trompé en quelque sorte par la croyance induite, l’effet est donc un effet psycho-physiologique dit positif puisqu’il aboutit à une amélioration de son état, c’est l’effet placebo.

Côté étymologique, placebo vient du latin placebo = je plairai, de placeo = je plais. Eh oui, c’est effectivement un effet agréable, tout s’explique ! Le terme placebo apparaît notamment déjà au Moyen Âge au Ve siècle dans une traduction biblique du latin : « Placebo Domino » = « Je plairai au Seigneur ». De même, dans la liturgie catholique au XIIIe siècle, il est fait référence à ce terme de placebo concernant les pleureuses et pleureurs recrutés pour chanter le psaume 116 à l’office des morts (vêpres des morts), et ceux-ci étaient surnommés « placebo » par dérision. L’expression « chanter un placebo », ou « aller à placebo » en découla ensuite. Il en existe de multiples exemples au fil du temps que je ne détaillerai pas ici, généralement dans un contexte religieux. Le sens médical n’arriva qu’à la fin du XVIIIe siècle en Angleterre (1785 Mot herby’s New Medical Dictionary), le placebo étant ainsi défini comme une « méthode banale de remède ».  

L’effet nocebo est moins connu, mais récemment revenu au goût du jour à propos des vaccins anti-Covid. Quelle différence avec l’effet placebo ? Son étymologie est très claire, nocebo vient du latin nocebo = je nuirai, du verbe nocere = nuire. Le terme est lui-même récent puisqu’il fut introduit en 1961 par le médecin américain Walter Kennedy, qui avait remarqué lors de ses expériences avec ses patients que même l’effet placebo pouvait se transformer en effet nocebo, certains de ses patients aggravant d’eux-mêmes leurs symptômes par le simple fait qu’ils jugeaient que leur état allait empirer. De même, il avait remarqué que le fait d’administrer une substance sans rien en dire provoquait dans certains cas de l’angoisse chez ses patients (on n’aime pas ne pas savoir) d’où risque là aussi d’effet nocebo. Alors il s’agit d’administrer à un patient une substance (supposée) inoffensive mais qui produit un effet secondaire négatif somatique sur lui, causé psychologiquement, alter-ego néfaste de l’effet placebo, du fait que le patient pense que cela va lui faire du mal (influencé par des suggestions verbales et/ou d’exemples de cas de réaction négative à la substance…).

Sujet délicat, je le conçois, pour lequel je me contente volontairement ici, puisque c’est le thème de mon blog, de m’en tenir aux définitions et explications des différents termes afin d’y apporter éclairage au niveau de la langue française et de la culture d’un point de vue général. L’effet nocebo concerne potentiellement tout médicament ou produit quel qu’il soit. Un exemple simple, on vous convainc que si vous prenez telle substance, vous avez des risques d’avoir des maux de tête comme effet secondaire, malgré l’intérêt que vous portez à la substance pour d’autres raisons, quant à elles positives qui vous poussent à la prendre et supérieures à vos yeux aux éventuels effets négatifs, eh bien si vous développez l’effet nocebo, vous aurez des maux de tête alors que si on ne vous avait rien dit avant, vous n’en auriez pas eus. Bon, cela n’empêche pas que certaines personnes peuvent effectivement avoir des maux de tête avec ce produit, réellement, alors qu’on ne leur avait rien dit, ce qui vous a été rapporté, ce qui n’est donc pas systématique comme tout principe d’effet secondaire, mais vous, vous êtes persuadé que vous allez avoir mal à la tête, de ce fait une réaction psychosomatique se produit et vous avez réellement mal à la tête. Un autre exemple typique : vous avez déjeuné puis quelqu’un vient vous dire ensuite qu’en fait, vous avez ingurgité une nourriture avariée même si ce n’est pas vrai mais votre cerveau pense que c’est vrai car vous avez confiance en la personne qui vous l’a dit, elle a été assez convaincante, eh bien vous avez tous les risques d’avoir le ventre retourné rien qu’à l’idée !

Ce contenu a été publié dans Culture, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.