Eau lustrale

L’eau lustrale est à notre époque l’eau dite consacrée (bénite) destinée au baptême des chrétiens (eau baptismale), mais un peu d’histoire apportera quelque culture supplémentaire.

Dans la Rome antique, le jour de la cérémonie du cens (mot issu du latin census = fortune, recensement), qui était le jour du recensement une fois tous les cinq ans, lors de l’élection des censeurs, magistrats de l’époque, on s’en servait, avant la cérémonie, pour effectuer un rite de purification, les lustrations (purifications), du latin lustratio = purifier, dérivé de lustro = éclat. Le déroulement de la lustration s’effectuait en aspergeant d’eau la personne à l’aide d’un rameau d’olivier voire de laurier, ou en utilisant un instrument spécial, l’aspergillum, ancêtre de l’aspersoir, sorte de goupillon muni à son bout d’une boule perforée laissant passer l’eau.

On utilise d’ailleurs encore un verbe qui y est associé, le verbe lustrer, qui signifie rendre brillant, on lustre par exemple une étoffe. Le nom masculin lustre, désignant un luminaire décoratif, possède également la même origine (lustro). Le lustre à l’époque romaine désignait la période de cinq ans qui séparait chaque recensement, d’où l’expression qui désigne une longue durée. Exemple : « Cela fait des lustres que je ne t’ai pas revu. »

Publié dans Culture | Marqué avec , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Eau lustrale

Echelle de Richter et échelle de Mercalli

Voici deux échelles permettant aux scientifiques d’évaluer les tremblements de terre, mais qui ont des fonctions différentes. Notons que l’échelle de Mercalli n’est plus utilisée depuis 1964, car remplacée par l’échelle MSK (Medvedev-Sponheuer-Karnik), appelée également échelle Mercalli modifiée qui comporte 12 degrés, allant de la simple secousse non ressentie mais enregistrée par les instruments à la destruction totale du paysage et des constructions, même les plus solides.

La différence entre ces deux échelles, Richter et Mercalli MSK, est que celle de Richter permet de mesurer la magnitude des tremblements de terre, autrement dit la puissance, tandis que celle de Mercalli MSK permet de mesurer le degré d’effet de surface et donc concrètement les dégâts et la perception que le séisme a causés en un endroit donné. L’intensité est liée à l’énergie relâchée par un séisme tandis que la magnitude est absolue, elle mesure l’énergie brute de ce même séisme.

L’échelle de Richter, du nom du géologue américain Charles Francis Richter qui l’établit en 1935, comporte 9 degrés, allant du microséisme impossible à ressentir (magnitude inférieure à 1.9) au séisme de magnitude supérieure à 9 (extrêmement rare, le dernier en date ayant eu lieu au Chili en 1960, de magnitude 9.5) capable de tout détruire sur une très grande surface. On mesure la magnitude d’un séisme à l’aide d’un appareil appelé séismographe.

L’échelle d’intensité de Mercalli est plus ancienne que l’échelle de Richter. Son nom vient du sismologue et vulcanologue italien Giuseppe Mercalli. Elle fut établie pour la première (car il y en a eu deux) en 1883, comportant 6 degrés et la seconde en 1902, comportant 10 degrés. L’année suivante, en 1903, le physicien italien Adolfo Cancani étendit cette échelle à 12 degrés. L’échelle fut ensuite révisée par un géophysicien allemand, August Heinrich Sieberg et fut de ce fait désignée MCS (Mercalli-Cancani-Sieberg). En 1956, l’échelle Mercalli fut modifiée à nouveau par Charles Francis Richter et remplacée en 1964 par l’échelle MSK.

Notons que lorsque survient un tremblement de terre, généralement aux informations, on nous indique seulement la magnitude en degrés sur l’échelle de Richter, que tout le monde connaît. Il nous est précisé notamment son épicentre, qui correspond au point de la surface terrestre se trouvant à la verticale de l’hypocentre, qui peut quant à lui se trouver jusqu’à 700 km sous la surface.

Publié dans Le coin des curieux | Marqué avec , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Echelle de Richter et échelle de Mercalli

Homophones air, aire, ère, erre, ers, hère et haire

Voici quelques explications à propos de ces sept homophones : air, aire, ère, erre, ers, hère et haire.

Air : c’est un nom masculin qui désigne le mélange gazeux que nous respirons, constitué essentiellement d’oxygène et d’azote, formant l’atmosphère terrestre. Le nom air désigne également une mélodie instrumentale autant que vocale, un air de musique. Air désigne aussi la manière dont quelque chose et perçu : avoir l’air triste. Côté étymologie, le nom air vient du latin aer, aeris signifiant ciel, air, issu du grec ἀήρ aër, aeros signifiant brume, nuage.

Aire : c’est un nom féminin qui désigne un espace particulier, lié à certaines activités (aire d’autoroute, aire de jeu) ou à la présence d’animaux (aire de nidification). Aire désigne également en géométrie une portion limitée de surface plane, que l’on peut calculer comme par exemple l’aire d’une figure géométrique (rectangle, triangle, etc.), ou la superficie d’un terrain qui fera tant de m². Côté étymologie, aire vient du latin area qui désignait une surface où l’on battait le blé, mais également du latin ager qui désignait un domaine agricole dans sa totalité.

Ère : c’est un nom féminin qui désigne un long espace de temps, caractérisé par une rupture avec la période précédente, où s’établit un nouvel ordre des choses, comme par exemple l’ère glaciaire, l’ère du Verseau (ère astrologique), l’ère primaire, l’ère chrétienne, l’ère industrielle, etc. Une ère est une période historique, chronologique. Côté étymologie, le mot ère vient du bas latin æra, signifiant nombre, puis époque.

Erre : c’est un nom féminin qui concerne le monde des transports et désigne la vitesse résiduelle d’un train ou d’un bateau lorsqu’il n’y a plus de propulsion. Les TGV notamment utilisent beaucoup leur énergie cinétique, très importante vu leur masse, lors de descentes ou avant d’arriver en gare. De même pour les bateaux afin d’arriver pile au point désiré dans la zone de mouillage. Côté étymologie, le mot erre vient du latin iter qui signifie chemin, voyage, trajet, et de l’ancien français errer, signifiant voyager.

Ers : c’est un nom masculin désignant une plante herbacée annuelle de la famille des légumineuses, appelée aussi lentille bâtarde. Cette plante est cultivée pour le fourrage. Côté étymologie, le mot ers est connu depuis le XVIe siècle, emprunté à l’occitan èrs, issu du latin ervum qui signifie vesce (genre de plantes herbacées grimpantes fourragères).

Hère : c’est un nom masculin, peu utilisé de nos jours à part dans l’expression « pauvre hère ». C’est un mot vieilli signifiant homme misérable, donc à connotation péjorative. En Haute Normandie, la dame, la maîtresse était autrefois appelée la hère, avec cette fois une connotation plus honorable. Côté étymologie, l’origine du mot est incertaine et pourrait provenir de l’allemand herr, désignant le seigneur, mais aussi du latin herus signifiant maître.

Haire : c’est un nom féminin désignant une chemise rugueuse en tissu grossier ou en poil de chèvre ou de crin. La haire était portée autrefois à même la peau par les ascètes (religieux) en signe de pénitence, par mortification. Le mot haire désigne aussi une étoffe utilisée par les brasseurs et dans les forges ainsi qu’un jeune cerf d’un an (terme de chasse). Côté étymologie, le mot haire est connu depuis le Xe siècle et vient de l’allemand haar, qui signifie poil et du francique harja désignant un vêtement grossier fait de poils.

Publié dans Vocabulaire | Marqué avec , , , , , , , | Commentaires fermés sur Homophones air, aire, ère, erre, ers, hère et haire

Captieux et capiteux adjectifs

Voici deux adjectifs, captieux et capiteux, dont l’écriture se ressemble (inversion de la place du t et du i) mais qui n’ont pas du tout la même signification.

Captieux, outre le fait qu’une ville de Gironde porte ce nom, ce qui en fait un nom propre en ce cas, est un adjectif signifiant trompeur, qui séduit par de belles paroles et de fausses apparences, insidieux, fallacieux. L’adjectif captieux, côté étymologie, est emprunté au latin captiosus, attesté depuis Cicéron au sens de trompeur. On parlera par exemple d’interrogation captieuse, de raisonnement captieux. Un adverbe en est dérivé : captieusement.

Capiteux est un adjectif désignant une odeur ou un alcool qui monte à la tête, qui provoque une sorte d’ivresse, une odeur très forte, entêtante, enivrante, provoquant un puissant effet sur les sens au point parfois même de les affecter. On l’emploie généralement pour parler d’un parfum ou d’un vin : un parfum, un vin capiteux, une liqueur capiteuse. Côté étymologie, cet adjectif est emprunté à l’italien capitoso, qui signifie obstiné, du bas latin capitosus et dérivé de caput, -itis signifiant tête.

Publié dans Vocabulaire | Marqué avec , , , , , , , | Commentaires fermés sur Captieux et capiteux adjectifs

Différence entre sorbet et glace

Voici deux desserts très appréciés en toutes saisons, la glace, appelée aussi crème glacée, et le sorbet. Mais la différence entre eux réside dans leur composition. La glace est confectionnée à base de lait et/ou de crème, et avec ou sans œufs selon les recettes. Le sorbet quant à lui ne contient pas de lait, il est composé sur la base d’un mélange d’eau et de sucre (sirop) à parts égales et de jus de fruits.

Côté étymologie, l’origine du mot sorbet remonte au XVIe siècle et vient de l’italien sorbetto, du turc chorbet, de l’arabe populaire chourba, en arabe classique charbat, qui signifie boisson fruitée.

Un peu d’histoire : déjà du temps de l’Égypte antique, les pharaons offraient de la glace pilée mélangée à du jus de fruit à leurs visiteurs pour les rafraîchir. Côté Empire romain, l’empereur Néron avait repris la technique de fruits écrasés mélangés à du miel que l’on utilisait à la cour d’Alexandre le Grand, et y ajoutait de la neige qu’il faisait venir des Apennins spécialement. Bien évidemment, la crème glacée était réservée aux plus riches car très coûteuse à fabriquer. En Chine, la glace est apparue environ au IIe siècle avant notre ère, sous forme de boisson fraîche conservée dans des grands récipients d’eau salée.

Publié dans Vocabulaire culinaire | Marqué avec , , , , , , | Commentaires fermés sur Différence entre sorbet et glace

Ville et commune quelle différence

Une commune n’est pas forcément une ville tandis qu’une ville est forcément une commune. En effet, une commune est une entité administrative, avec un maire, un conseil municipal élu (municipalité) et qui dépend de la préfecture du département où elle se trouve, c’est une circonscription territoriale. Elle est définie par sa taille ou le nombre de ses habitants. Un tout petit village est une commune mais ce n’est pas une ville. Une ville doit historiquement posséder au moins 2 000 habitants pour être dénommée ainsi et être dotée d’une infrastructure sociale et technique.

La France métropolitaine et les DOM (départements d’outre-mer) comptaient 34 955 communes au 1er janvier 2022, et 34 935 au 1er janvier 2024. Cette baisse s‘explique par la fusion croissante de communes entre elles pour des raisons pratiques permettant, par l’union de leurs forces, de réaliser des économies d’échelle, d’apporter de nouveaux services à la population et de porter de nouveaux projets d’investissement impossibles à réaliser pour des budgets communaux trop faibles.

Publié dans Vocabulaire | Marqué avec , , , , | Commentaires fermés sur Ville et commune quelle différence

Innovation et invention

Le terme d’invention s’applique au principe de création d’un nouvel objet, procédé ou système d’exploitation. L’invention résulte de nombreuses recherches et de la fabrication de prototypes destinés à être testés, améliorés et encore testés jusqu’à ce que ce qui a été inventé fonctionne, soit en capacité de répondre à sa destination souhaitée. L’invention règle avant tout un problème technique ou scientifique, c’est un « chercheur » qui invente. Une invention n’est d’ailleurs pas systématiquement commercialisée car tout dépend du marché et de sa potentielle rentabilité.

Une innovation quant à elle provient d’une invention, il s’agit de son amélioration, comme par exemple le smartphone qui est une innovation liée à l’invention du téléphone. L’innovation consiste en un progrès technique ou technologique dont la rentabilité doit être assurée avant même sa commercialisation. L’innovateur est lié à une entreprise, son but est commercial, il permet d’accéder à de nouveaux marchés par l’amélioration obtenue d’une invention déjà existante.

Publié dans Vocabulaire | Marqué avec , , , , , | Commentaires fermés sur Innovation et invention

Différence entre beurre et margarine

Le beurre, tout le monde connaît, la margarine aussi, il s’agit de deux matières grasses que l’on utilise en cuisine, pour notre alimentation. Cependant, leur origine est différente, le beurre étant d’origine animale, extrait de la crème du lait de la vache par le processus de barattage (dans un récipient appelé baratte). La margarine est obtenue quant à elle à partir d’un mélange d’huiles ou graisses végétales émulsionnées ou épurées et possédant moins de 10 % de beurre. Elle est aussi grasse et calorique que le beurre mais ne contient cependant pas de cholestérol.

Un peu d’histoire : l’apparition du beurre est très ancienne, datant du néolithique il y a environ 5 000 ans, voire 10 000 ans avec la domestication puis l’élevage des vaches. Une tablette sumérienne d’environ 4 500 ans a été notamment retrouvée, décrivant les étapes de la fabrication du beurre. Ils battaient la crème du lait comme on le fait toujours maintenant. Dans l’Antiquité grecque et romaine, le beurre était plutôt un produit de beauté très apprécié, utilisé pour adoucir la peau et faire briller les cheveux. Du temps des Égyptiens, le beurre quant à lui était utilisé comme cataplasme pour soigner les infections et les brûlures. Le beurre fut très utilisé en Gaule puis au Moyen Âge, plus facile à obtenir que l’huile qui ne se récoltait qu’une fois par an et se conservait mal. Dès le XVe siècle cependant, le beurre, désormais considéré comme un mets de luxe et symbole de raffinement, fut réservé aux plus riches, les pauvres utilisant du saindoux (graisse de porc fondue). Le mot « beurre », issu du latin butyrum emprunté au terme grec βούτυρον (bouturon) signifiant « fromage de vache » est apparu vers le XVIe siècle.

La margarine quant à elle est apparue bien plus récemment, au XIXe siècle. C’est un pharmacien, Hippolyte Mège Mouriès, qui l’a inventée en 1869 à la demande de Napoléon III. Celui-ci avait organisé un concours, trouvant que le beurre était trop rare, cher et difficile à conserver, et cherchant à trouver un nouveau produit plus accessible et tout aussi nutritif. La margarine de Mège Mouriès fut primée et le brevet déposé précisément le 15 juillet de la même année. Le mot margarine vient du grec ancien μάργαρον (margaron) qui signifie « perle ».

Publié dans Vocabulaire culinaire | Marqué avec , , , | Commentaires fermés sur Différence entre beurre et margarine

Coutre et coûtre homonymes

Voici deux homonymes à ne pas confondre, même s’ils sont peu utilisés de nos jours : coutre et coûtre. La différence orthographique se constate facilement avec la présence d’un accent circonflexe sur le U de l’un des deux. Coutre et coûtre ont des significations et étymologies différentes, alors quelques explications s’imposent pour ne plus les confondre.

Le coutre est l’élément tranchant d’un soc, charrue voire araire en agriculture, qui permet de fendre la terre. Il fut de manière certaine utilisé dès le début du Moyen Âge, très pratique pour la culture. Côté étymologie, ce mot vient du latin culter signifiant couteau et lié à cultio qui signifie culture, agriculture.

Le terme de coûtre quant à lui désigne les hommes chargés au Moyen Âge de garder les cathédrales nuit et jour et notamment leurs trésors et archives mais aussi de garder les églises et leurs reliques. Les coûtres étaient appelés aussi custodes. Ces clercs laïcs et mariés étaient tonsurés et portaient l’habit ecclésiastique. Ils devaient prêter serment de fidélité au « chapitre » (assemblée des chanoines attachés à une église ou cathédrale). Alors évidemment, un seul homme ne suffisait pas puisque le travail se faisait 24h/24 donc ils se relayaient à trois, eh oui, ce que nous appelons à notre époque les « trois-huit » existaient déjà au Moyen Âge.

Ils étaient personnellement tenus responsables des éventuels vols et devaient déposer de ce fait une caution au moment de prendre possession de leur « coûtrerie », cela permettait d’assurer un service de qualité et une réelle surveillance des lieux. Un avantage leur était réservé comme pour tous les ecclésiastiques, ils ne payaient ni impôts ni subsides. Par ailleurs, ils étaient chargés de percevoir les « chevages » auprès de la population, qui étaient des redevances spécifiques payées par les serfs à leur seigneur.

Côté étymologie, le terme coûtre vient du moyen français coustre, du nominatif costre de l’ancien français costor qui signifiait sacristain, gardien, issu du latin populaire custor, custorem et venant du latin classique custos, custodem signifiant gardien.

Publié dans Vocabulaire | Marqué avec , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Coutre et coûtre homonymes

Orthographe à proprement parlé ou parler

Voici une locution adverbiale souvent mal orthographiée, qui signifie en nommant les choses par le mot propre, c’est-à-dire de manière exacte, à vrai dire, à franchement parler. Alors comment doit-on l’écrire ? « À proprement parlé » ou « à proprement parler » ? Réponse : à proprement parler.

C’est une locution invariable et son usage est assez ancien puisqu’on en trouve  une trace au XVe siècle dans la première partie du roman de prose de Lancelot du Lac de Gautier Map (1301-1400) : « Ci commence le livre de Lancelot du Lac, qui, à proprement parler, fut appelez Galaad… ». Le fait d’employer « à proprement parler » dans une phrase permet notamment de rendre le discours plus vivant.

Mais pourquoi écrit-on « parler » à l’infinitif et non « parlé » au participe passé ? Eh bien c’est la proximité de la préposition « à » qui détermine cet accord. Par exemple, lorsque cette préposition est absente, l’accord est différent : « proprement dit » et non « proprement dire ».

Publié dans DIFFICULTES langue FRANCAISE | Marqué avec , , , , , | Commentaires fermés sur Orthographe à proprement parlé ou parler